dimanche 15 novembre 2015

Spectre

 
James Bond renaît toujours de ses cendres. Au début des années 2000, la franchise commençait sérieusement à décliner jusqu'à ce que le réalisateur Martin Campbell et l'acteur Daniel Craig ne la réactive brillamment grâce à Casino Royale. Très décrié à l'époque, le comédien britannique est depuis devenu indissociable du célèbre agent secret. Skyfall a mis ensuite la barre très haut, le meilleur 007 depuis des lustres et peut-être le meilleur Bond tout court. La présence de Sam Mendes derrière la caméra n'y était pas pour rien de même que l'excellent scénario qui alliait profondeur psychologique et respect du mythe. Plus gros budget de l'histoire de la série (250 millions de dollars), Spectre se devait d'être à la hauteur. Hélas, son moteur est fâcheusement tombé à l'arrêt.

Suivant les dernières instructions de M laissées peu avant son décès, James Bond part en mission secrète à Mexico puis à Rome où il cherche à infiltrer une mystérieuse organisation criminelle dénommée Spectre. Au même moment à Londres, le nouveau directeur du Centre pour la Sécurité Nationale remet en cause les actions de Bond et l'existence même du MI6. 

Daniel Craig

Annoncée comme l'une des plus spectaculaires scènes jamais tournées, la séquence inaugurale de ce 24ème épisode est en effet assez impressionnante. Au cœur de la Fête des morts, à Mexico, James Bond traque un homme masqué qu'il finit par combattre dans un hélicoptère situé au-dessus de la foule. Le film démarre en trombe et laisse présager d'un bon cru. A son retour au Service de sa Majesté, l'espion, mis sur la touche après les dégâts causés dans la capitale mexicaine, décide d'aller contre sa hiérarchie en partant à la recherche du chef de Spectre. Les scénaristes malmènent à nouveau l'image d'un James Bond sur la sellette, prolongeant la veine plus dramatique entreprise dans Skyfall. Mais la comparaison s'arrête là.


Autant l'opus précédent parvenait à raconter les origines de 007 avec un minimum d'effets, autant ce 24ème épisode appuie lourdement sur le passé du personnage pour justifier l'apparition de nouveaux protagonistes. A ce titre, le méchant joué par Christoph Waltz paraît ridicule à côté de celui génialement incarné par Javier Bardem. Guère épaulé par le script, l'acteur se contente de rejouer une partition qu'il décline dorénavant de film en film. Les James Bond Girls ne tirent pas non plus leur épingle du jeu, de Léa Seydoux, terne et sans saveur, à la pauvre Monica Bellucci, presque humiliée dans un rôle minuscule et caricatural.
 
Spectre aura battu un record décerné par le fameux Guinness Book, celui de la plus grosse explosion jamais filmée. Mais c'est bien maigre comparé à la faiblesse du script qui aligne tous les poncifs de la franchise et que la réalisation toujours élégante de Sam Mendes ne parvient malheureusement pas à sauver. Croyant peu à son intrigue terriblement prévisible, le réalisateur livre un film inutilement long (2h30 !) et tellement invraisemblable (cette scène d'avion dans les Alpes !) que l'on se croirait revenu quinze ans en arrière. Si le hobby préféré de James Bond est la résurrection, le spectateur, lui, ne voudra pas revivre deux fois pareille déception. 

Antoine Jullien

Grande-Bretagne / Etats-Unis - 2h28
Réalisation : Sam Mendes - Scénario : John Logan, Neal Purvis, Robert Wade e Jez Butterworth
Avec : Daniel Craig (James Bond), Christoph Waltz (Bloefeld), Léa Seydoux (Madeleine Swann), Ralph Fiennes (M), Ben Whishaw (Q).  

Disponible en DVD et Blu-Ray chez Sony Pictures

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