lundi 18 janvier 2010

Séances de rattrapage

LES CHATS PERSANS / THE QUEEN AND I / THE PROPOSITION / CONTES DE L'ÂGE D'OR / TETRO

De nombreux films sortis en fin d'année sont encore à l'affiche. Voici un petit tour d'horizon d'oeuvres à ne pas manquer.


L'Iran est à l'honneur grâce aux Chats persans de Baham Ghobadi et The Queen and I de Nahid Persson Saverstani. Le premier est un portrait de jeunes iraniens souhaitant monter un groupe de rock indépendant à Téhéran alors que la musique est réprimée au pays des Mollahs. Le film a été tourné clandestinement, avec une énergie et un dynamisme qui forcent le respect, nous plongeant dans un monde souterrain jamais montré jusqu'à présent. Le cinéaste veut nous faire partager le courage d'une jeunesse qui n'a pas renoncé, se battant pour sa liberté face à un régime dont les bourreaux resteront toujours hors champ, belle idée de mise en scène. Le film souffre d'un trop plein et s'épuise parfois dans une succession de clips sur la capitale iranienne mais dégage néanmoins une vraie force. Et surtout, comme le dit le refrain, la musique est bonne.


Le second film est un documentaire sur la rencontre improbable, à Paris, entre la réalisatrice qui a fui le régime islamiste et la femme du Chah. Après un début très maladroit on l'on sent trop la mise en scène, la suite se révèle nettement plus intéressante, les convictions de l'une et de l'autre s'affrontant parfois mais c'est la compréhension et le respect mutuel qui l'emporteront. La dernière image qui restera, ce sont deux femmes en exil rêvant d'un Iran qui n'existe plus.


Un western australien tourné en 2005 et qui ne sort que maintenant, ça n'est pas banal et ça permet surtout d'évoquer le travail de John Hillcoat, plus connu pour sa récente adaptation du roman de Cormac McCarthy, La Route. Il fait preuve, dans The Proposition, d'une indéniable maitrise et d'un sens de l'espace bluffant. L'autre incongruité du film, c'est la présence au scénario de Nick Cave qui compose également la bande originale. Les acteurs, enfin, sont tous remarquables, en particulier Ray Winstone, le shérif de la ville, et sa femme, Emily Waston, qui forment un couple touchant, contrastant avec l'univers crasseux et sans foi ni loi du reste du casting (Guy Pearce, John Hurt, Danny Huston).


Les Contes de l'âge d'or sont quatre courts métrages roumains supervisés par Cristian Mungiu, le réalisateur consacré à Cannes pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours. Ces films, de vingt minutes chacun, nous parlent de la Roumanie sous Ceaucescu, entre satire féroce du régime et comédie absurde. Un film en particulier retient l'attention, celui où un policier est obligé de tuer un cochon dans son appartement, sans faire de bruit pour ne pas éveiller les soupçons des voisins. Un suspense aussi drôle que tragique qui prouve une fois de plus l'étonnante créativité de la jeune garde roumaine qui dépeint sans états d'âme le passé d'un pays qui n'a pas pansé ses plaies, des plaies encore vives que Mungiu and Co. filment avec brio.


Enfin, on ne peut pas terminer cette revue sans évoquer le retour en forme de Francis Ford Coppola qui, dans Tetro, renoue avec une fibre intimiste que le cinéaste avait abandonnée. Dans une Argentine fantasmée, deux frères se retrouvent pour régler quelques comptes et se défaire de l'écrasante image paternelle incarnée par un imposant Klaus Maria Brandauer. Le réalisateur du Parrain retrouve une vraie liberté formelle et n'hésite pas, dans un beau noir et blanc, à faire surgir au coeur du récit des scènes dansées qui traduisent superbement les traumatismes du passé. Et malgré un coup de théâtre assez invraisemblable, Coppola nous emporte jusqu'à la dernière scène, un fascinant ballet de phares de voitures éclairant deux êtres qui se réconcilient enfin. Ce n'est certes pas Apocalypse Now mais c'est tout même beaucoup plus convaincant que ses derniers films.

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