dimanche 25 mai 2014

67ème Festival de Cannes - Retour sur le palmarès

 
Le jury de Jane Campion a livré son verdict et c'est Nuri Bilge Ceylan qui reçoit la Palme d'Or pour son sublime Winter Sleep (Sommeil d'hiver). Le long métrage du cinéaste turc avait été l'un des premiers grands moments de la compétition et il s'était imposé depuis comme l'un des sérieux prétendants à la récompense suprême. Plus intimiste et moins contemplatif que ses films antérieurs, Winter Sleep est une exploration passionnante de la nature humaine à travers les relations contrariées de plusieurs personnages dans le décor fascinant de la Cappadoce et de ses maisons troglodytes. S'inspirant de plusieurs nouvelles de Tchekhov, Ceylan atteint le sommet de son art, filmant des conversations d'une richesse digne des plus grands films de Bergman. Espérons que le film suscitera la curiosité du public qui pourra le découvrir lors de sa sortie en salles prévue le 6 août. 


En attribuant le Grand Prix aux Merveilles d'Alice Rohrwacher, l'un des films les plus médiocres de cette sélection, et en ne donnant que le prix du Jury à Xavier Dolan pour son transcendant Mommy, le jury a fait un choix incompréhensible. Le réalisateur québécois a-t-il payé son jeune âge (25 ans) pour ne pas avoir eu le droit de décrocher un prix plus important ? Il doit en plus le partager avec Jean-Luc Godard qui, avec Adieu au Langage, a assommé plus d'un festivalier. Jane Campion a sans doute voulu faire un coup en mettant en perspective deux générations de cinéastes et deux styles diamétralement opposés mais ses commentaires très enthousiastes sur Mommy qu'elle a donné suite à l'annonce du palmarès, le qualifiant de "génial, brillant, moderne," laisse à penser que le jury a dû être divisé sur la question. 

On se réjouit en revanche que l’américain Bennett Miller décroche le prix de la mise en scène pour son troublant Foxcatcher. Ce prix récompense aussi indirectement les trois formidables comédiens du film (Steve Carell, Channing Tatum et Mark Ruffalo) qui donnent corps à cette histoire très anxiogène parfaitement maîtrisée par ce cinéaste décidément talentueux. 

 
Quant aux prix d'interprétation, ils sont dans l'ensemble mérités, particulièrement pour Timothy Spall qui campe le peintre William Turner dans le film que lui consacre Mike Leigh, à rebrousse poil de l'image que l'on pouvait en avoir. On est plus réservé sur le prix accordé à Julianne Moore qui le mérite davantage pour son immense talent et sa prestigieuse carrière que pour le film assez décevant de David Cronenberg, Maps to the stars, dans lequel elle campe une actrice vieillissante prête à tout pour décrocher un rôle. 

Au rang des regrets, on s'étonne que Timbuktu n'ait pas été salué, au moins pour son caractère éminemment politique, et Saint Laurent de Bertrand Bonello qui aurait également pu prétendre à une récompense. 


PALMARES DU 67ème FESTIVAL DE CANNES 

PALME D'OR 

WINTER SLEEP de Nuri Bilge Ceylan (sortie le 6 aôut) 

GRAND PRIX 

LES MERVEILLES d'Alice Rohrwacher (8 octobre)

PRIX DE LA MISE EN SCENE

FOXCATCHER de Bennett Miller (janvier 2015)

PRIX D'INTERPRETATION MASCULINE

TIMOTHY SPALL dans Mr. Turner (octobre)

PRIX D'INTERPRETATION FEMININE

JULIANNE MOORE dans Maps to the Stars (déjà en salles) 

PRIX DU JURY (ex-equo)

MOMMY de Xavier Dolan (8 octobre)
ADIEU AU LANGAGE de Jean-Luc Godard (déjà en salles)

PRIX DU SCENARIO

LEVIATHAN d'Andreï Zviaguintsev (24 septembre)

CAMERA D'OR

PARTY GIRL de Mary Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis (3 septembre)

PRIX UN CERTAIN REGARD

WHITE GOD de Kornel Mundruczo

1 commentaire:

  1. Salut Antoine

    Un grand merci pour ton blog ciné qui m'a permis de suivre le festival de Cannes comme si j'y étais. Tes analyses et commentaires inspirés m'ont donné envie d'aller voir plusieurs films, car à l'inverse de certains critiques, tu sais déceler les qualités d'une oeuvre, même si elle ne t'a pas convaincu entièrement.

    Keep up the good work, man ! :)

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