jeudi 24 octobre 2013

9 mois ferme


Albert Dupontel nous revient en grand forme dans ce qui s'annonce d'ores et déjà comme son plus gros succès critique et public. Dans 9 mois ferme, il filme la rencontre entre une juge d'instruction très stricte qui tombe enceinte dans des circonstances rocambolesques, et un cambrioleur que tout le monde prend pour un terrifiant globophage. Sauf que le bonhomme ne sait pas qu'il est le père de l'enfant de la dame à qui il demande de l'aide afin de sauver sa tête... 

La radicalité des premiers films de Dupontel s'est peu à peu amoindrie sans que le réalisateur n'abandonne l'originalité première de son cinéma : le mélange de burlesque trash et de sensibilité qui trouve ici son point d'achèvement. En confiant le rôle principal à Sandrine Kiberlain, le cinéaste ouvre son univers vers davantage de normalité confrontée à l'esprit de sale gosse que l'on aime tant chez lui. Il dirige d'ailleurs l'actrice comme s'il s'agissait d'un "drame rigolo" (dixit le réalisateur), en la faisant jouer des situations absurdes et loufoques avec le sérieux nécessaire. Le talent de Dupontel réside là : faire  une vraie comédie d'un sujet qui prêterait à la sinistrose. 

Albert Dupontel et Sandrine Kiberlain 

Et quelle réjouissance ! Rarement une comédie française nous aura autant fait déclencher nos zygomatiques, et plusieurs moments du film sont déjà cultes. Dupontel pousse les situations jusqu'au bout (les amateurs de gore seront servis!), multiplie les idées de mise en scène à coups de transitions et de mouvements de caméra, met en valeur tous les personnages (mention spéciale à l'extraordinaire Nicolas Marié dans le rôle de l'avocat bègue) avec la complicité de ses camarades (Terry Gilliam, Jan Kounen, Gaspar Noé, Jean Dujardin), et se met, en tant qu'acteur, pour la première fois en retrait. 

Bien que la concision du film (1h22) soit un atout et révèle un art certain du montage, on aurait aimé que la relation entre la juge et le brigand soit un peu plus développée, d'où l'impression d'un final expédié. Mais Dupontel se situe tellement au-dessus de la moyenne dans tous les compartiments du jeu (scénario, réalisation, interprétation) que l'on ne doit pas bouder son plaisir. 

Antoine Jullien

France - 1h22
Réalisation et Scénario : Albert Dupontel 
Avec : Sandrine Kiberlain (Ariane Felder), Albert Dupontel (Bob), Nicolas Marié (Maître Trolos), Philippe Uchan (Juge de Bernard).



Le film est disponible en Blu-Ray et DVD chez Wild Side Video.


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