mercredi 25 avril 2012

Tyrannosaur


Le cinéma britannique aime se confronter à la réalité sociale et scruter les maux d'une société à la dérive. Avec Tyrannosaur, le comédien Paddy Considine, dont c'est le premier long métrage, s'inscrit dans cette tradition en offrant à deux magnifiques acteurs des partitions complexes et délicates. 

L'histoire se déroule à Glasgow où Joseph est en proie à de subits accès de violence suite à la disparition de sa femme. Un jour, il fait la rencontre d'Hannah, une femme très croyante qui tente de le réconforter. Mais devant l'apparente sérénité d'Hannah se cache une souffrance aussi grande que celle de Joseph... 

Paddy Considine et Olivia Colman 

L'environnement dépeint par Paddy Considine fait immédiatement froid dans le dos et ferait presque passer certains films de Ken Loach pour d'agréables bluettes. Le réalisateur situe son récit dans un cadre très réaliste sans tomber dans les pièges de l'utilisation abusive de la caméra à l'épaule, préférant savamment composer ses plans qui gagnent en intensité dramatique. Gangréné par l'alcool et par une violence qu'il ne peut réfréner, Joseph est prisonnier de terribles tourments, faisant à plusieurs reprises exploser sa rage avec une effrayante brutalité. Le regard de Peter Mullan où pointe une once de sensibilité réussit à humaniser son personnage dont on peut comprendre la souffrance et la profonde solitude. Mais son parcours est relativement classique et surprend moins que celui de Hannah, magistralement interprétée par la méconnue Olivia Colman. 

Le spectateur prend peu à peu conscience de la détresse affective dans laquelle elle se trouve et son absence totale d'échappatoire. Elle va pourtant le trouver grâce à Joseph. Leur rencontre improbable amène des instants d'une belle humanité où la pudeur et les non-dits apportent une part de mystère aux personnages. La relation de Joseph avec sa femme est simplement évoquée (et fait référence au titre du film) mais on devine dans quel degré d'humiliation et de soumission elle se nourrissait, à l'instar de celle vécue par Anna avec son mari (inquiétant Eddie Marsan). Paddy Considine a réussi à restituer l'enfer conjugal dans une relative sobriété, malgré la dureté de certaines scènes, et ménager un suspense qui prendra fin dans les dernières minutes du récit. Un film éprouvant, parsemé de quelques éclaircies, dont on ressort sonné. 

Antoine Jullien 



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