mercredi 22 juin 2011

L'amour dans tous ses états

BLUE VALENTINE / POURQUOI TU PLEURES ? / BEGINNERS

Le cinéma a, depuis sa création, fait de l'amour son sujet de prédilection. Trois jeunes cinéastes reprennent à leur compte ce thème inusable aux variations multiples.


Dans Blue Valentine, l'américain Dereck Cianfrance filme la désintégration d'un couple à travers une galerie d'instants volés, passés ou présents. A la manière d'un Cassavetes, il laisse ses acteurs improviser afin de retrouver la vérité et l'essence de ces moments heureux et graves. Baladant les temporalités avec aisance et ballotant ses comédiens dans les incertitudes des sentiments, le cinéaste fait preuve d'une belle sincérité qui touche, de près ou de loin. Il a eu surtout le talent de créer une alchimie rare entre deux comédiens, Michelle Williams et Ryan Gosling qui apportent une authenticité troublante. On jurerait qu'il s'agit là d'un couple à la ville qui se désagrège réellement sous nos yeux. Malgré quelques longueurs, le cinéaste reprend à son compte le proverbe "les histoires d'amour finissent mal en général" en montrant le côté parfois irrationnel et inexplicable d'une désunion. 




Katia Lewkowicz, elle, nous raconte le futur mariage d'un jeune homme qui supporte de plus en plus mal cette décision cruciale. Face à sa soeur, sa mère, ses amis et sa future femme, son coeur balance entre émois post-adolescents et maturité d'adulte. Et puis ? Et bien pas grand chose. Vous ne serez pas surpris et rarement amusé devant cet énième portrait d'un trentenaire bobo dont les atermoiements ne nous intéressent guère. Dès les premières scènes, on se demande vraiment pourquoi le bougre a décidé de se marier, semblant l'avoir fait comme s'il s'agissait d'une mauvaise blague. L'inconséquence de ce choix rejaillit sur les faibles enjeux d'un film où la galerie de personnages secondaires caricaturaux et antipathiques finit par irriter. Seule Emmanuelle Devos, par moments assez irrésistible, arrive à tirer son épingle du jeu. Mais on ne peut pas en dire autant de notre "héros" interprété par un Benjamin Biolay amorphe de bout en bout. Autant on peut apprécier la nonchalance du chanteur, autant cette posture étalée sur tout un film devient un fardeau pour le spectateur. Avec des dialogues médiocres (on ne compte plus le nombre de "putain") et des séquences qui se répètent à loisir, Pourquoi tu pleures ? ne donne jamais envie de sortir son mouchoir mais plutôt de bailler aux corneilles. 





Malgré sa sourde mélancolie, Beginners est sans doute celui qui porte le plus d'espoir en l'amour. Les dernières images semblent nous le faire croire, laissant Ewan McGregor et Melanie Laurent sur un nouveau départ. Le réalisateur Mike Mills plante son décor dans un Los Angeles inédit et peu identifiable. En effet, la mégalopole ressemble plus à une tranquille ville de province où le temps s'étire qu'à la cité des anges si souvent dépeinte. Une incongruité en accord avec le style du film, dans la continuité des productions indépendantes américaines avec ses quelques défauts (une proportion un peu trop systématique aux effets décalés) mais avec une émotion qui vous étreint au moment où l'on s'y attend le moins. Ewan McGregor vient de perdre son père qui lui avait annoncé quelques temps auparavant son homosexualité. Désemparé, il récupère son chien, Arthur, puis fait la rencontre d'une comédienne esseulée. Comme dans Blue Valentine, Mike Mills alterne les époques, celle du père dans sa nouvelle vie, l'histoire d'amour à venir entre Ewan McGregor et Melanie Laurent, et les moments qu'Ewan McGregor enfant passait avec sa drôle de mère. D'une grande fluidité narrative, cet enchevêtrement pose de bonnes questions sur l'acception de soi et la capacité à trouver le bonheur, du moins une certaine sérénité. Le grand Christopher Plummer, au crépuscule de sa vie, y parvient magnifiquement, sous les yeux de son fils qu'il accepte du mieux qu'il peut. Evitant les clichés, Mike Mills apporte une belle sensibilité dans ce rapport filial mais s'égare un peu dans l'histoire amoureuse qui finit par s'essouffler, la faute à des personnages manquant un peu d'épaisseur. Même si les traits d'humour sont présents par petites touches et que la fantaisie pointe par endroits, Mike Mills réalise un film empreint d'une tristesse insoupçonnée qui réussit deux prodiges, celui de nous faire aimer les chiens (comment résister à Arthur ?) et celui, inouï, de rendre Mélanie Laurent enfin supportable !

Antoine Jullien

2 commentaires:

  1. Critiquer un film c'est pas le raconter !
    C'est abusé quoi en deux ligne tu balance la fin et le point d'orgue du film ?
    Si c'est ton kiff de nanard t'as qu'à aller spoiler sur la mort d'Harry Potter à la sortie des salles en juillet ! Mais tu plantes pas un film comme ça, tu veux pas militer non plus pour une signalisation "attention fin surprenante" ? Ce serait la grande classe en jaune fluo sur l'affiche du sixième sens par exemple ! Ah bah non en fait donc préviens au moins quand tu balances l'intrigue, à ce propos renseignes toi sur le terme spoiler, ça peut irriter les gens !

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  2. Si Mélanie Laurent y est supportable, j'irai peut-être le voir!...

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