mercredi 13 avril 2011

Rabbit Hole


Qu'il est bon de revoir une actrice que l'on a tant aimée. Nicole Kidman fut, dans un passé récent, une magnifique comédienne qui savait tout jouer, explorant les registres les plus divers, à l'aise dans la comédie et le drame, se confrontant aux univers de cinéastes parfois radicaux. Et puis le botox et la mauvaise célébrité ont davantage fait parlé d'elle que ses rôles de moins en moins bons dans des films de petite facture. Rabbit Hole ne marquera certainement pas sa filmographie mais on la retrouve belle et grave, dont la sobriété de jeu ne peut souffrir aucune contestation.

C'est l'actrice elle-même qui a tenu a raconter l'histoire d'un couple face à l'épreuve de la perte d'un enfant. Productrice, elle a engagé John Cameron Mitchell, le cinéaste extraverti et lubrique de Shortbus, soit le client inattendu pour un projet de cet acabit. Là vient d'ailleurs le défaut majeur du film.


Car l'on ne ressent jamais le cinéaste véritablement impliqué par cette histoire. Lui qui a pourtant vécu le deuil dans sa propre vie n'arrive pas à nous toucher suffisamment. Le cinéaste évite certes le pathos et tient le tire-larmes à distance mais il bute devant des personnages pas assez fouillés et une retenue qui nuit à l'ensemble.

Le mystère entretenu au début du film soulève cependant notre appétit. Ce couple apparemment normal intrigue d'autant plus que les attitudes de l'un et de l'autre face au drame divergent radicalement. Mais la théâtralité du projet (le film est adapté d'une pièce de David Lindsay-Abaire) étouffe les personnages et les emprisonne dans des carcans. Le film semble alors totalement fabriqué où chaque scène répond sagement à la précédente. Un beau moment retient toutefois l'attention lorsque Nicole Kidman demande à sa mère si la douleur demeure toujours. Une scène sensible et juste qui ne parvient pas à sauver ce film très anodin.

Antoine Jullien



DVD et Blu-Ray disponibles chez France Télévisions Distribution.

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