mercredi 12 mai 2010

Life During Wartime


Une mère discutant de manière très décontractée de sa vie sexuelle avec son fils et partageant avec sa fille une vraie dépendance aux anti-dépresseurs : bienvenue dans la famille américaine selon Todd Solondz qui reprend, dix ans après Happiness, les mêmes personnages mais joués par de nouveaux acteurs. Soit un pédophile tout juste sorti de prison, une sœur traumatisée par la mort de son ancien mari et un jeune garçon qui aimerait bien retrouver son père...

On reproche souvent au réalisateur sa cruauté envers ses personnages en les enfermant dans une routine humiliante sans leur laisser aucune échappatoire. Pour équilibrer ce tragique état de faits, il usait d'un humour à froid souvent pertinent, un rire grinçant qui provoquait un malaise palpable. Cette fois, le propos est au désenchantement. Quelques rares sourires viendront timidement amoindrir un film un peu vain dans sa provocation mais néanmoins lucide.

Allison Janney

La fausse douceur rassurante qu'imprègne la photographie d'Ed Lachmann permet à Todd Solondz de retirer le vernis artificiel qui encombre tous ses personnages. Et sa minutieuse description des comportements humains renvoie comme un boomerang à cette Amérique repliée sur elle-même où la peur de l'autre est devenue la règle élémentaire.

Mais le cinéaste ne se renouvelle pas pour autant et à moins de n'avoir vu aucun de ses films, Life During Wartime paraîtrait presque terne à côté du culotté Happiness dans lequel il arrivait à extraire de ses personnages une touchante humanité. Ici, la monstruosité ordinaire semble être devenu son unique fond de commerce. On peut trouver cela jubilatoire... ou déprimant.

Antoine Jullien


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