mercredi 6 juin 2012

Prometheus


Le mystère planait depuis des mois autour de Prometheus, vrai-faux prequel d'Alien. Ridley Scott lui-même entretenait le flou sur ses intentions (voir la conférence de presse), et les premières images, il faut le reconnaître, nous faisaient drôlement saliver. A l'arrivée, le cinéaste nous livre un objet hybride, imparfait, aux qualités réelles, mais qui n'aurait pas du oublier son script en cours de route. 

Une équipe d'explorateurs découvrent un indice sur l'origine de l'humanité sur Terre. Cette découverte les entraîne vers un voyage fascinant jusqu'aux recoins les plus sombres de l'univers. Là-bas, un affrontement terrifiant qui décidera de l'avenir de l'humanité les attend. 


Le pitch est un peu grandiloquent et ne répond pas vraiment aux attentes autour du film. De ces mystérieuses origines, les scénaristes ont en fait un vaste fourre-tout indigeste qui perd progressivement de sa cohérence. On pourra toujours ergoter sur les significations réelles ou supposées cachées à travers tel ou tel symbole mais cela nous ne convaincra pas davantage de la pertinence d'un scénario qui s'effondre au fur et à mesure de l'intrigue. Quant au rattachement avec Alien, il semble tellement forcé et artificiel qu'il en deviendrait presque un peu ridicule. Non, Prometheus n'est en rien un prequel du célèbre monstre mais plutôt un ersatz qui en reprend les principaux codes sans ouvrir de nouvelles perspectives satisfaisantes. 

Noomi Rapace 

Pourtant, la mise en scène de Ridley Scott est bien là et son indéniable talent visuel impressionne dans plus d'une séquence. Pour son retour à la SF trente ans après Blade Runner, le cinéaste signe l'un de ses films les plus ambitieux formellement dans lequel il fait pleinement confiance à sa maîtrise de la caméra. Ainsi, l'arrivée du vaisseau sur la planète où bien les premiers moments de terreur font monter la tension et nous accrochent durablement à notre fauteuil. Malgré la faiblesse de son scénario, le cinéaste a suffisamment de métier pour ne pas relâcher la pression, délivrant plusieurs séquences spectaculaires à forte adrénaline.  

Dommage qu'il n'ait pas été aussi scrupuleux sur sa direction d'acteurs où s'égarent la pauvre Charlize Theron qui semble avoir confondu le film avec un défilé de mode, et Michael Fassbender, pas toujours à l'aise dans son rôle d'androïde. Seule Noomi Rapace arrive à apporter de l'intensité à son personnage mais ses scènes sont souvent gâchées par une musique pompière et des rebondissements peu crédibles. Ridley Scott a tenté de redonner un second souffle à sa carrière et à insuffler une ampleur inédite à une saga mythique. Il nous a surtout donné envie de s'y replonger avec frayeur et délice. 

Antoine Jullien

2 commentaires:

  1. Je suis tout à fait d'accord que le film pèche par son scénario. Le film ne m'a pas convaincu car il n'a ni la puissance d'angoisse d'Alien 1, ni la force "réflexive" de Blade Runner.


    (NE PAS LIRE CE QUI SUIT SI VOUS N'AVEZ PAS ENCORE VU LE FILM) A la fin du film, il y a tout de même une idée qui m'a ouvert les pores et a excité mes quelques synapses : Prometheus révèle qu'Alien est un monstre que nous avons nous-mêmes engendré par nos faiblesses.
    L'enfer, ce n'est pas les autres.

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  2. Le scénario est réellement catastrophique, on reconnait la patte des scénaristes de Lost...

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