mercredi 27 octobre 2010

Les petits mouchoirs

Ils sont beaux, jeunes, aisés et vont, malgré un évènement dramatique, passer deux semaines de vacances au Cap Ferret. A mesure que les jours défilent, les petites rancoeurs et lâchetés se font jour. "Un film de potes" dixit la promotion du film. "Très personnel" selon son réalisateur Guillaume Canet. La recette est éprouvée mais tous les ingrédients semblent réunis pour que cela fonctionne. Et pourtant.

On ne peut pas nier les qualités réelles de fabrication dont Canet fait preuve une nouvelle fois. Malgré sa durée excessive (2h35), il arrive à maintenir presque constamment l'intérêt du spectateur grâce à un dosage bien équilibré entre instants d'humour et plages d'émotions. Il sait également parfaitement filmer un groupe et créer une harmonie entre eux. Enfin, comme dans Ne le dis a personne, il montre un art du casting certain, offrant à ses acteurs des rôles taillés sur mesure sans qu'aucun ne prenne la couverture à lui. Malin, il donne même au comédien français le plus aimé du moment un personnage fantomatique mais omniprésent dans l'histoire. Ces qualités accumulées, le film dégage-t-il de l'empathie ?


Les petits mouchoirs ne peut pas être considéré comme un film générationnel tant la génération dont il est question semble éloignée des réalités concrètes. Sans problèmes apparents à l'exception de leurs névroses du quotidien, les personnages naviguent dans un océan de petites choses sans importance. Pas vraiment sympathiques, obnubilés par leur nombril, aveugles au monde qui les entoure, ils forment un vase clos que Guillaume Canet a l'air de bien connaître. Et bien qu'il veuille montrer leurs travers et leur égoïsme, le réalisateur se prend les pieds dans le tapis avec une fin lacrymale surchargée de pathos. En l'espace de quinze minutes, il aligne tous les clichés possibles alors qu'il avait su plutôt adroitement les éviter jusqu'ici.

Le troisième long métrage du réalisateur pose le même problème que les deux précédents : son absence d'âme. Devenu un enfant (trop ?) gâté du cinéma français, Canet s'offre des jouets luxueux dont ils profitent pleinement mais qui ne stimulent aucun élan créatif. Malgré son ambition affichée, il reste l'auteur d'un cinéma efficace qui ne laisse pas de traces et qu'on oublie très vite. C'est déjà cela me direz-vous. Mais avec un zeste de modestie supplémentaire, s'il vous plaît !

Antoine Jullien

1 commentaire:

  1. C'est vrai que la fin vire au pathos, beaucoup d'exagération dans le déroulement de la cérémonie sans compter l'arrivée du vieil ami avec son sac de sable. Mais pour ce qui est du groupe d'amis il me semble au contraire réaliste. Oui, ils n'ont pas de gros tracas dans la vie mais comme une majorité de gens heureusement. Pourquoi rajouter des problèmes existentiels à ce groupe dont l'un des leurs est à l’hôpital. Ils sont en vacances, se préoccupent de "petites choses sans importance", comme n'importe qui en vacance.

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