mercredi 20 octobre 2010

Illégal

Tania, qui élève seule son fils de quatorze ans, vit sans papiers en Belgique. Un jour, elle est arrêtée et placée dans un centre de rétention. Elle fera tout pour retrouver son fils mais n'échappera pas aux menaces d'expulsion. 

Un sujet comme celui-là peut conduire à tous les débordements. Le manichéisme et le pathos ne sont jamais loin. Le réalisateur Olivier Masset-Depasse s'est intéressé aux conditions des étrangers reconduits dans leur pays au moment où il apprenait qu'il existait un centre de rétention à quelques kilomètres de chez lui. Préférant la fiction au documentaire, il a opté pour un traitement réaliste et cru de la situation, filmant caméra à l'épaule sa compagne et actrice Anne Coesens qui a dû apprendre le russe pour l'occasion. Il souhaitait avant tout  "montrer tout ce que nous faisons endurer aux étrangers pour qu'ils rentrent chez eux". 

Anne Coesens

Le film nous montre en effet une réalité choquante et inhumaine. Le cinéaste décrit surtout la perversité du système qui pousse les sans-papiers, à force de torture psychologique et physique, à retourner dans leur pays qu'ils ne veulent retrouver à aucun prix.  Illégal, malgré son titre en forme de couperet, n'est pourtant pas un film désespéré. La détermination de Tania porte le long métrage d'une rage qui s'avèrera payante. Un espoir à relativiser toutefois tant le calvaire du personnage devient insupportable pour le spectateur.  

Quelques clichés ternissent un peu la dernière partie où l'on sent le réalisateur contraint de terminer son film par des conventions dramatiques convenues. Mais la caractérisation des protagonistes, ni héros ni salauds, et la justesse de l'ensemble sont impressionnants. Un profond sentiment de malaise et de révolte se diffuse progressivement. Quelque soit notre opinion politique, on ne peut pas rester insensible. Et même si le sort des sans papiers est infiniment complexe et ne peut souffrir d'aucun raccourci simplificateur, le film a le mérite de rendre le spectateur responsable et averti. Il ne pourra plus dire qu'il ne savait pas.

Antoine Jullien

1 commentaire:

  1. En ce moment l'immigration illégale est hautement politisée, sur-médiatisée et sujette à caution. Il est en effet difficile d'échapper à la tentation manichéenne ou militante, d'un côté comme un autre.
    La plupart des gens, électeurs en l'occurrence, n'ont aucune idée de ce que les politiques leur racontent sur le sujet -Par définition, ils ne sont pas illégaux-.
    Sujet aux manipulations et au populisme, le thème est difficile à maitriser, dur à faire passer. Les films sur l'immigration illégale commencent à proliférer, je pense notamment à "Droit de passage" avec Harrison Ford (qui n'a pas fait objet de description sur le présent blog).
    Quand dans les discours officiels, on classe ce type d'immigration à côté du terrorisme, de la cybercriminalité et de la drogue comme grandes menaces contemporaines, il est clair que tout s'embrouille dans l'esprit des gens.
    Mais, pour revenir au sujet, disons-le, le film paraît assez intéressant quoi que, semble-t-il, assez stressant voire oppressant...
    A voir
    --
    Steady as she goes!

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