Julie Delpy a voulu s'attaquer à un "grand" sujet : la vie de la comtesse Bathory qui regna en Hongrie au XIVème siècle. Soupçonnée d'avoir assassiné plus de six cent jeunes filles et de s'être baignée dans leur sang afin d'accéder à la jeunesse éternelle, elle fut condamnée à l'emprisonnement dans son propre château où on l'emmura jusqu'à sa mort.
L'ambition de la comédienne, passée à la réalisation avec Two days in Paris, est clairement affichée dès les premières minutes : décors et photographie particulièrement soignés, narration en voix-off, comédiens de première classe (Daniel Brühl et William Hurt). Julie Delpy passe à la catégorie supérieure mais se casse les dents car la jeune réalisatrice ne sait pas sur quel pied danser. Le film ressasse des thèmes déjà vus qui pouvaient, grâce à cette tortueuse histoire, trouver un nouvel éclairage : la peur de vieillir, la place des femmes dans la société de l'époque, les jeux de pouvoir... mais la réalisatrice semble constamment hésiter entre la réalité et la légende. D'un côté, une comtesse cruelle qui tue des jeunes femmes et de l'autre une victime d'un complot fomenté par plusieurs familles nobles pour se débarrasser de cette rivale gênante. Sauf que, durant une grande partie du film, Julie Delpy privilégie la première hypothèse et ce n'est qu'à la toute fin qu'elle bascule vers la seconde. Ce changement de point de vue ne fonctionne pas de même que la disparition progressive de Daniel Brühl, le narrateur de l'histoire.
De plus, Julie Delpy manque d'audace et tombe rapidement dans un académisme vieillot, semblant terrorisée à l'idée d'explorer les abîmes de folie de ce personnage qu'elle interprète avec trop de retenue pour la rendre vraiment intéressante. Autour d'elle, à l'exception d'Anamaria Marinca, les acteurs sont réduits à des silhouettes sans vie et c'est avec un ennui poli que l'on suit cette histoire curieusement dépassionnée. Les louables intentions ne faisant pas forcément les bons films, Julie Delpy échoue dans sa tentative de film en costume moderne. Espérons que son troisième essai soit plus mémorable.
Antoine Jullien
Antoine Jullien
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