lundi 12 avril 2010

Ajami


Un metteur en scène israélien et un cinéaste palestinien à la réalisation d'un même film ? Yaron Shani et Scandar Copti ont tenté ce pari qui résume bien l'ambition de ce premier long métrage : filmer dans Ajami, l'un des quartiers de la ville de Jaffa, l'affrontement des communautés juives, palestiniennes et chrétiennes à travers plusieurs histoires qui nous racontent la difficulté de vivre et de survivre alors que la violence fait rage.

Un petit manuel de géopolitique ne serait pas de trop pour bien comprendre la complexité des relations intra communautaires au coeur d'Ajami : les premières minutes sont difficiles à saisir et le principe utilisé par les deux réalisateurs ne facilitent pas la compréhension : des intrigues sans fil rouge véritable et une accumulation de personnages désarçonnent pendant un moment. Mais lorsque le film se met vraiment en place, Ajami devient alors une captivante guerre des gangs.


On pense à Inarritu, pour le brio des histoires entrecroisées ou à Fernando Meirelles qui nous dépeignait dans "La cité de Dieu" une violence qui gangrène toute la société. C'est le même constat que font Yaron Shani et Scandar Copti : ils filment un conflit où un coup de feu, une empoignade peuvent survenir à tout instant.

Les réalisateurs ont fait tourné des acteurs non professionnels et n'ont filmé qu'une seule prise à chaque fois. Leur mise en scène s'en ressent fortement, le sentiment d'urgence manifesté par la caméra traduit bien le séisme permanent que subissent tous ces personnages. Et même si leur montage aurait du être plus resserré car toutes les intrigues ne se justifient pas, Yaron Shani et Scandar Copti nous offrent un état des lieux qu'aucun autre cinéaste de cette région du monde n'avait traité de cette manière. Eloquent.

Antoine Jullien

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