lundi 1 février 2010

Océans


Jacques Perrin est déciment un aventurier. Après les singes, les insectes et les oiseaux, c'est au tour des poissons d'attirer son attention. Et comme dans chacune de ses entreprises, les moyens les plus sophistiqués sont déployés au service d'une immersion hors du commun.

Aux quatre coins de la planète, son co-réalisateur Jacques Cluzaud, ses équipes et lui sont partis tourner des images vues nulle part ailleurs. Une course poursuite avec des dauphins, une tempête déchaînée, un tendre échange entre un phoque et son petit et des créatures toutes aussi étonnantes les unes que les autres créent une fascinante symphonie, superbement mise en musique par Bruno Coulais et regorgeant de prouesses techniques sans que jamais elles ne submergent la beauté de l'ensemble.

Les réalisateurs optent pour un récit épuré au maximum, avec comme seule ligne narrative la question que le petit fils de Jacques Perrin lui a un jour posé : " c'est quoi, l'océan ?". Difficile en effet de définir ce qu'est cet espace infini où vit une nature qu'on l'on croyait connaître et qui apparaît, sous nos yeux, totalement inédite. Sans jamais forcer le trait, Perrin fait confiance à ses" personnages". Cette murène, en forme de ruban multicolore, cette étoile de mer et son soufflement irréel nous saisissent et nous renvoient à notre part d'humanité. L'incroyable banc de crabes qui s'achève en une sorte de pyramide sur laquelle trône l'un d'entre eux nous rappelle étrangement nos propres valeurs hiérarchiques.


Le temps de quelques fulgurances, Océans devient aussi un vrai film d'action et l'on est pas prêt d'oublier le premier départ vers la mer des toutes jeunes tortues fraîchement nées, attaquées sans ménagement par des mouettes fusant à la vitesse de l'éclair.

Cette fresque sauvage est d'autant plus impressionnante qu'elle se passe quasiment de mots. Perrin et Cluzaud, néanmoins, ne contournent pas les problèmes actuels, le massacre des poissons et la pollution. Mais ils le font sans démagogie ni culpabilisation outrancière, les images se substituant à tout discours pour évoquer notre planète en danger. Et grâce à cette faune marine magiquement racontée, la sauvegarde n'en devient que plus nécessaire. La dernière image est, à elle seule, une parabole : l'homme et le requin blanc, nageant ensemble, dans le silence assourdissant de l'océan. Une réconciliation tardive, un moment de grâce inouï.

Antoine Jullien

1 commentaire:

  1. Océans, ou comment vous faire aimer les requins ;)
    Très belles images et scènes d'actions improbables d'espèces surprenantes...

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