Des noms se retiennent plus facilement que d'autres, et dans le domaine de l'animation, c'est devenu une gageure que de sortir du lot. On pensait le trio de tête indétrônable : Pixar pour la 3D, Aardman pour la pâte à modeler (Wallace et Gromit) et Gibli pour l'animation traditionnelle (dont tous les films de Miazaki). Et bien, il faudra désormais rajouter un nom à cette prestigieuse liste : Adam Elliot. C'est le réalisateur australien de la plus belle merveille cinématographique de l'année. Et oui !
Certes, le réalisateur ne joue pas tout à fait dans la même catégorie et s'adresse, avec ce premier long métrage, à un public plus adulte. Mais tout de même ! Marier avec autant d'aisance, de facilité et de talent la vie et la mort, le drôle et le morbide, l'insolite et l'inquiétant, cela révèle du miracle ! Tout cela à travers deux personnages en pâte à modeler : Mary, une petite fille de huit ans, australienne mal aimée et morose, qui va entretenir une correspondance sur vingt ans avec Max, un juif new-yorkais bedonnant et solitaire. Ces deux êtres sont liés par le même manque affectif et par la même passion pour le chocolat. Ces deux caractéristiques résument parfaitement l'originalité du film : être sans cesse sur le fil de l'émotion et de la gravité mais rattrapé au vol par le rire et le dérision. La vie est une labeur, surtout pour ces deux êtres qui la subissent au quotidien. Mais comme ils le disent eux mêmes en forme d'encouragement mutuel, on ne choisit pas sa famille mais on choisit ses amis.
Tous les paris, les plus osés, sont franchis par ce surdoué australien. Et premier lieu tenir tout un film sur une conversation à distance entre deux êtres qui ne se connaissent pas. Une absence totale de dialogue compensée par un enchaînement étonnamment fluide entre les voix du narrateur et des deux personnages.
Et des idées en pagaille. On sort de la salle presque frustré de ne pas avoir pu retenir les innombrables trouvailles qui parsèment tout le film.
Plastiquement splendide (il n'y a donc pas qu'Aardman dans ce domaine), Mary et Max nous offre une nouvelle proposition de cinéma dans un genre qu'on pensait ultra codé. A voir et surtout à revoir de toute urgence !
Avant d'être le réalisateur consacré de Vol au dessus d'un nid de coucou et Amadeus, Milos Forman avait tourné en ex-Tchécoslovaquie ses trois premiers longs métrages, de 1963 à 1967, précédant les évènements de Prague.
Dans les deux premiers L'As de Pique (1963) et Les Amours d'une blonde (1965), il brosse le portrait d'une jeunesse insouciante et naïve, en bute à l'autorité parentale mais le fait avec un ton léger et désinvolte quoique un peu daté.
Au feu les pompiers (1968)
En revanche, dans Au feu les pompiers (1967), le propos se fait beaucoup plus dénonciateur et met sérieusement à mal un régime ridiculisé à travers un bal de pompiers qui tourne à la farce tragique. Le film est bref, en couleur contrairement aux deux précédents, et nourri d'un humour à froid particulièrement efficace. Le film a valu d'ailleurs à l'époque des ennuis à Forman où il fut censuré et banni par le régime communiste. Il quitta alors la Tchécoslovaquie et émigra ensuite à Hollywood avec la carrière que l'on sait.
Milos Forman, un grand cinéaste exilé qui n'en n'a pas moins gardé un réel amour pour un pays martyrisé dont il a su dans sa jeunesse contourné la censure avec un humour salvateur et ces trois films que l'ont peut voir au Champo à Paris (et aussi en DVD) en sont les preuves irréfutables !
Antoine Jullien
Antoine Jullien
C'est vrai que Mary et Max est un mélange subtil de genres ! A la fois triste et drôle, joli et gris, le narrateur nous tient et le film passe si vite... Une belle fable en somme.
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