Il arrive parfois qu'à la sortie de la salle, on soit soudain saisi d'effroi par ce que l'on vient de voir. C'est un peu cette sensation qui accompagne le générique de fin de Victime, réalisé en 1961 par Basil Dearden et dans lequel, pour la première fois à l'écran, était prononcé le mot "homosexuel".
Un jeune homme est arrêté pour un détournement de fond. Victime en réalité d'un chantage dû à son homosexualité, il se suicide. Un brillant avocat et par la même son ancien amant, va tenter de démasquer les maîtres chanteurs, au risque de mettre en péril son mariage et sa carrière.
Sylvia Syms et Dirk Bogarde
Le film est construit comme un véritable suspense, haletant. Le réalisateur nous dépeint une sorte de société secrète dont les membres ont le malheur de pas être considérés comme "normaux". Par crainte de la dénonciation et de la condamnation, les rapports homosexuels étant punis par la loi, ces hommes se murent dans le silence et abdiquent. Heureusement, le personnage de l'avocat, magnifiquement interprété par Dirk Bogarde, va faire preuve d'un réel courage en décidant de lutter contre une loi qu'il juge injuste. Le film bascule alors dans la dénonciation efficace et enlève du même coup une ambiguïté latente tout au long de l'intrigue où les personnages acceptaient leur sort dans la résignation et la crainte.
Basil Dearden filme là l'innaceptable, à savoir l'intolérance et l'humiliation, et nous offre une œuvre sans didactisme ni facilité qui est avant tout un témoignage important d'une époque pas totalement révolue.
Antoine Jullien
Antoine Jullien
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