mercredi 9 février 2011

Les chemins de la liberté


Peter Weir est un cinéaste rare. Sept années séparent Master and Commander de ce nouveau long métrage. Un homme discret, peu connu du grand public, auteur pourtant de plusieurs films célèbres : Witness, Le Cercle des poètes disparues et The Truman Show. Il adapte ici le roman de Slavomir Rawicz qui raconte, en 1940, l'évasion de prisonniers d'un goulag en Sibérie. Les fugitifs vont traverser plus de 10 000 km dans des conditions hostiles, traversant les fournaises du désert de Gobie puis les sommets de l'Himalaya. Seuls trois d'entre eux en réchapperont.

Le film est inspiré de faits réels mais la véracité des évènements est aujourd'hui remise en doute, c'est pour cette raison que Peter Weir a préféré apporter à l'histoire et aux personnages une grande part de fiction. Un sentiment renforcé par une convention hollywoodienne habituelle, les russes et polonais parlant l'anglais avec un accent forcé. Mais cette réserve mineure ne doit pas gâcher l'intérêt d'un film qui démarre de manière très classique pour se diriger vers des contrées plus sauvages. 


La photographie rugueuse du chef opérateur Russell Boyd (un fidèle du cinéaste) et la sobriété de la mise en scène de Peter Weir récréent avec justesse la réalité effroyable du goulag. Cependant, le cinéaste délivre rapidement ses protagonistes en ne filmant pas leur évasion, une des étrangetés qui parsèment le film. En effet, les personnages ne sont pas bien identifiés, sans passé, faisant essentiellement confiance à leur instinct de survie et à l'entraide de leurs "camarades" pour vaincre le froid sibérien. Le film, exempt des conventions du genre, devient une errance à travers le globe où la quête de liberté semble de plus en plus compromise. Et malgré certaines invraisemblances, le cinéaste a eu l'intelligence de ne pas multiplier les péripéties spectaculaires. En cours de route, on en arriverait même à se plaindre que cette échappée ne soit pas plus périlleuse ! 

Mais la nature reprendra le dessus et ces hommes devront franchir des montagnes (au sens propre du terme) pour ne pas voir la mort au bout de chemin. Porté par des comédiens remarquables (dont Colin Farrell qui cabotine à loisir en voyou russe !) Les chemins de la liberté nous fait profiter des grands espaces que Peter Weir filme avec l'ampleur qu'on lui connaissait déjà et il a su livrer un émouvant témoignage d'êtres qui ont puisé dans leurs dernières ressources afin de vaincre la barbarie du régime stalinien hélas peu traité dans le cinéma occidental.

Antoine Jullien


DVD et Blu-Ray disponibles chez Metropolitan. 

2 commentaires:

  1. D'après le compte rendu du critique, ce film est loin d'être politique, ou du moins n'est-ce qu'une ombre d'arrière fond. Il est vrai que traiter de l'archipel du Goulag n'est pas chose courante dans le cinéma occidental, ni même oriental ou russe. Tant il est dur d'insuffler de la vie dans des personnes dont elle a été détruite, qui n'ont plus d'espoir, qui meurent de faim et d'éreintement. Et je crois que ce film peut déjà être considéré comme bon rien que par ce fait : donner de la vie, de l'esprit, de la parole à des gens qui les croyaient perdues à jamais.
    Je n'ai pas encore vu le film, mais même avant de le voir, je considère ce fait comme positif.
    L'œil vif, la détermination, l'émotion sur le visage d'ex-prisonniers du communisme est en soi une bonne raison de s'asseoir en salle obscure.
    D'autant que le réalisateur a des antécédents de films très appréciables.
    --
    Steady as she goes!

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  2. trés attachant, une leçon de vie

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